mercredi 20 mai 2015



LE PREMIER JOUR ENSOLEILLÉ DE PRINTEMPS

Ce n’est pas le 20 ou le 21 mars (l’équinoxe de printemps dans l'hémisphère nord et du point de vue astronomique) car il y a déjà quelques jours qu’il est arrivé – trop nombreux selon la vaste majorité qui souffrent des dommages de l’implacable hiver ; c’est le premier jour de printemps qu’il fait beau, le premier jour que le soleil ose apparaître. Et c’est pour cette raison, parce que c’est le premier jour depuis bien longtemps, qu’il le fait doucement, timidement comme nous regardons quelqu’un qui nous fait peur ou quelque chose qu’on pense qui va nous faire mal aux yeux, au sens figuré et littéral. En plus, le premier jour de printemps qu’on peut appeler beau, le soleil n’a pas de concurrence : il n’y a pas de masses visibles suspendues dans le ciel et constituées d'une grande quantité de gouttelettes d’eau. Le soleil est le seul ornement du ciel, il est seigneur et maître dans le bleu. Même si au début il apparait faible et presque froid, dès qu’il se rend compte qu’il n’y a pas d’abri pour se cacher jusqu’à s’encourager et que personne chez les humains n’est  capable de le regarder directement, il grandit, fier et défiant. En même temps, nous, pauvres êtres tremblants, désespérés et toujours en mouvement pour ne pas se geler pendant des mois, sommes pressés dehors, comme poussés par une main invisible, et on sort en bras de chemise que nous retroussons chaque fois que le soleil gagne un peu de confiance. Tu regardes autour de toi, tout semble plus réjouissant, plus inoffensif, plus tranquille. Tu t’assieds sur n’importe quel banc qui n’est pas à l’ombre, apparemment tous sont plus confortables que d’habitude, et tu ouvres un livre que tu as pris pour l’occasion. Tu sens le faible vent sur ta peau nue (les bras, le visage et le cou, et bientôt la poitrine) et l’arôme tellement singulier du printemps. Quelques filles passent à la fois en riant, en parlant et en criant. Cela ne te dérange pas du tout, au contraire, tu souris : ah, la jeunesse ! Après avoir lu quelques lignes que tu vas relire la prochaine fois car tu n’as pas prêté attention, tu fermes le livre et tu t’amuses avec le paysage. Un jeune homme en short, tu trouves qu’il est audacieux, mais tout à coup tu sens tes jambes brûler, si j’avais mis au moins les sandales ! Tu essayes de ne pas penser, seulement t’amuser du soleil. Il tape de plus en plus fort. Les gens ne marchent pas, ils se baladent comme s’ils avaient des pierres attachées aux pieds. Tu sens que l’énergie entre dans ton sang et se mélange avec les globules blancs, rouges et les plaquettes. Les problèmes qui te hantaient pendant des semaines ne semblent plus maintenant si graves, j’ai été vraiment aveuglée par le désespoir, quelle idiote ! Tu te promènes lentement vers chez toi, mais tu te dévies pour acheter une glace afin de goûter l’été qui est de plus en plus proche et pour prolonger un peu ce sentiment de bonheur. Chez toi, tu vas à la salle de bains pour te laver le visage brillant d’optimisme et de sueur. Le miroir remarque que tu as les joues et le nez trop rouges. Tu plantes le bout de ton doigt dans une joue moelleuse et oui, la trace pâle confirme que tu as été trop confiante. Heureusement que je n’ai pas mis les sandales ! Et le soleil brille triomphant dans le bleu du ciel.
                                                                                                                          Garazi

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