Aujourd´hui je vais vous raconter ma vision personnelle
de l´amour, foncièrement basée sur la lecture des bandes dessinées dans les
années 70. Comme je prévois une longue explication et que vous serez affairée,
je commence tout de suite, sans préalable.
La protagoniste de la première bande dessinée dont je me
souviens c´était Hessa, la chef d´un commando d´élite de l´armée Allemande
(tout entièrement composé de jeunes filles) qui devait accomplir les plus
dangereuses et ultra-secrètes missions lors de la Seconde Guerre Mondiale. Toute
audacieuse, rusée, impitoyable avec les ennemis, Hessa était en secret
tendrement amoureuse d´un officier britannique qu´elle avait rencontré (par hasard)
lors de chacune de ses missions. Le point chaud arrivait quand les jeunes
combattantes se déshabillaient (tout à fait obligées par les circonstances)
pendant le cours de l´action. En l´occurrence, une fois elles ôtèrent leur t-shirt,
histoire de passer par-dessous un barbelé électrifié sans frôler l´acier mortel
avec leurs seins; je m´en souviens comme si j´avais douze ans. Je mets de côté
les aspects politiques du sujet. En effet, j´étais un enfant de la typique
famille apolitique post franquiste, j´étais trop jeune, etc. Pourtant, avec le
recul, j´ai réfléchi et je m´aperçois à quel point le modèle de Hessa a façonné
jusqu´à aujourd´hui ma vision des femmes: belles, fortes, en général sans scrupules,
parfois sensibles et romantiques. Un cliché plutôt absurde, insensé et peut-être
faux.
Après Hessa il y avait “Paco Pito”. Le nom veut dire qu’il
s´agissait d´un noceur, un nanti qui faisait la bringue jour et nuit. J´élague maintenant
les détails érotiques si prisés dans les années 70, mais complètement déplacés
aujourd´hui, compte tenu de mon âge et de ma position sociale. À ma décharge, j´affirme
que je n´aimais pas ce genre d´histoires et que je lisais celle-ci pour rester
branché par rapport à mes copains plus âgés et malins; moi j´étais trop petit,
je ne comprenais rien. Cependant, je me rends compte que si j´avais assimilé les
enseignements de “Paco Pito”, je profiterais d´une expertise plus plaisante et
rassurante des rapports humains et sexuels. Je serais un play boy, tout le
contraire du renfermé maladroit que je suis. Peut-être je serais aussi plus
superficiel et froid, un connard-émotionnel, mais personne ne se soucie de cela
quand vous êtes chef d´entreprise ou président du gouvernement. Je ne dis pas forcément
que je serais lehendakari, me je n´en pense pas moins; tel que je suis, petit
et charmant, je sens qu´une seule chose m´a manqué.
Ma bande dessinée préférée racontait l´histoire d´une
vampiresse qui guettait ses proies en déshabillé noir dans les ruelles de
Londres sous la pleine lune et alors que le brouillard estompait les ombres.
Comme toutes les vampiresses, elle se nourrissait du sang des victimes qu´elle
égorgeait; c´était une version light de Hessa, cela se
voit, d’autant plus qu´elle était amoureuse en secret du jeune officier de
police qui la traquait sans répit. Les années ont défilé et j´ai oublié le nom
de la première vampiresse que j´ai aimée; pour moi l´amour est comme cela, insaisissable
et volage, et c’est pourquoi je suis puni.
J´ai trop divagué. Au cas où vous seriez perdue, je vous
fais un schéma de la vision de l´amour que contient ma rédaction, histoire de
décrocher un petit point au niveau cohérence.
1.
Je
trouve une belle fille, vampiresse, tueuse professionnelle, ou quoi que ce
soit.
2.
Résistante
aux rhumes, elle doit l’être.
3.
Amour
sincère, sans limites, c’est ce qu’elle me propose.
4.
La
relation grippe, échoue et je raconte que c´est à cause de ma maladresse «sur
le coton», tandis que je sais
bien que c´est la faute de mon manque de compromis et de courage pour offrir l´amour
sans entraves que je réclame.
5.
Désastre émotionnel.
Tout au long des années, j´ai connu plusieurs façons de
saboter l´amour, et je peux en imaginer maintes autres, mais celle-ci, c´est la
mienne. Je suis comme cela et je ne peux par changer de tâches*. Cependant,
malgré l´échec et la détresse, on continuera à chercher une nouvelle vampiresse,
car mieux vaut souffrir que ne rien ressentir.
Luis