jeudi 23 mars 2017



LE COURAGE

“Le courage est la première des qualités humaines, car elle garantit toutes  les autres. Aristote.

Qu’est-ce qu’on pourrait dire sur le courage aujourd’hui ? Peut-être qu’on affirmera que le courage est le manque de peur, d’autres diront que le courage a une part de folie ou que le courage est pour les audacieux et parfois pour ceux qui n’ont rien à perdre.
     Le courage, un mot qui évoque de grandes images, de belles actions, de grandes  prouesses et de grands héros. Le courage, censé nous insuffler des pouvoirs pour tout affronter. Oui, la version la plus édulcorée de cette vertu, une version sur laquelle on lit ou regarde des films. Mais, si l’on rentre dans notre réalité, face à ce pessimisme ambiant, qui sont les vrais courageux d’aujourd’hui ?
Il faut se transformer en grands héros de bec et d’ongles, résistants à la fatalité pour vivre une vie avec courage ou peut-être sommes-nous tous entourés par des courageux ; des  personnes anonymes qui font preuve de courage dans la vie de tous les jours. Des personnes qui en choisissant d’être courageux  changent  leur vie et la vie des personnes qui les entourent. Les optimistes de nos sociétés qui ont confiance en eux-mêmes et en le monde.
Quand on réfléchit aux personnes qui incarnent le courage, on ne devrait pas oublier celles qui au milieu de certaines situations douloureuses, trouvent la force et les ressources de garder le calme pour ne pas glisser vers la haine envers les autres. Ceux qui prennent la défense de ceux qui n’ont pas les moyens eux-mêmes, oppressés par les injustices, censurés par manque de liberté. Ils ne sont pas des héros connus, on ne les regardera pas à la télé ; cependant ils sont le miroir où se chercher.
Mais, sans faire face aux grandes calamités de notre monde nous avons tous la possibilité faire preuve de courage, ainsi que d’encourager ceux qui nous accompagnent sur le chemin de la vie. Le courage est une force, qui s’acquiert lorsqu’on affronte des choses qui nous heurtent, ces choses que nous sommes obligés de dépasser, et notre attitude peut servir d’exemple pour encourager les autres ; c’est stimuler l’envie de vivre, d’assumer les défis.
Il faut seulement que nous acceptions de nous sentir responsables et par conséquent d’agir pour modifier le cours des événements. Le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité de se rendre compte que le but est vraiment important pour prendre des risques.
Alors, bon courage !!
Acceptons de nous sentir responsables et par conséquent d’agir pour modifier le cours des événements, parce le courage n’est pas l’absence de peur mais c’est se rendre compte que le but est vraiment important pour prendre des risques.

Bon courage !

Merche




VOYAGER

Ce week-end en cherchant la destination pour mes prochaines vacances, je suis tombée sur cette phrase de Saint-Augustin : « le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page ». Moi en tant que passionnée de lecture et routarde, je ne peux qu’applaudir cette belle métaphore dont la signification demeure plus actuelle et plus forte que jamais ; parfois un moine du 4ème siècle peut décrire notre société mieux que nous.
Saint-Augustin compare le monde à un livre, même si pour moi l’importance de voyager est claire ; il faut mettre en question si les voyages sont en effet un moyen pour vraiment découvrir le monde. En plus on peut tout de même se demander si le seul fait de voyager  suffit pour accumuler des connaissances sur ce monde et ses intéressants habitants.
Au milieu de nos sociétés civilisées, il y a des gens que n’ont pas besoin de sortir pour visiter de nouveaux endroits. Parfois, il me semble que de nos jours, on est satisfait avec une connaissance virtuelle du monde. C’est vrai qu’en face de l’écran de notre ordinateur on peut lire des infos, regarder des photos, s’imprégner des lieux, mais ce ne sera qu’une vision zigzagante de la réalité parce qu’on aperçoit l’extérieur à travers le point de vue d’une autre personne, une vision subjective qui ne rendra jamais possible le fait de se sentir appartenu par le lieu.
Pour moi c’est fondamental, il faut voyager ; voyager  éveille la curiosité, stimule le désir d’apprendre et de comprendre le monde qui nous entoure. Cela  nous rend plus sages et à la fois plus humbles, et ça nous permet de grandir en tant que personnes. Voyager comble les sens et le cœur.
 Le voyage met à notre portée visiter les lieux lointains ou non, admirer une autre nature et connaître d’autres cultures ; mais même si l’on n’est pas très spirituelle, on doit admettre que tout voyage se fait sur deux versants, l’un extérieur par la compréhension rationnelle de ce qu’on trouve ; l’autre intérieur, l’épanouissement par la connaissance de soi-même.
Cette ouverture d’esprit joint toutes les facettes de notre être humain. Ce n’est pas par hasard, ceux qui ont respiré un air différent, ceux qui ont vécu des moments vitaux au milieu d’un autre monde, conservent toujours le regard curieux et un grand respect pour autrui. Ils ont appris l’importance de connaître d’autres cultures, d’autres façons de vivre, et que cela fournit une compréhension plus large et profonde de leur vie. Ils remercient d’avoir l’opportunité de trouver des personnes qui ont un point de vue différent et qui les rapprochent aussi de nouvelles valeurs avec lesquelles rédiger leur chemin. En voyageant, on se libère des préjugés et des préventions, on acquiert de la tolérance et surtout on devient plus humain.
     Une fois qu’on comprend que voyager, ce n’est pas seulement se déplacer dans l’espace physique, que cela atteint aussi une dimension intérieure, on commence à flâner autrement, on est plus conscient puisqu’on a découvert, comme Henry Miller écrivit, que notre destination n’est jamais un lieu, mais plutôt une nouvelle façon de regarder les choses, ce qui transforme le voyage en une recherche de soi-même.

Merche



COVOITURER OU NE PAS COVOITURER, TELLE EST LA QUESTION

     Loin est l’époque où on allait aux concerts punks en bougeant un seul doigt, le pouce. On avait seize ans, on disait à nos parents qu’on irait en bus, et on dépensait l’argent pour payer le bus en alcool (ou d’autres substances qu’il n’est pas permis d’écrire). Aujourd’hui, les jeunes n’aiment pas le punk, ils adorent les concerts de reggaeton mais ils n’y vont pas en autostop, c’est papi ou mamie qui les emmènent  ou ils s’y présentent en covoiturage.
     Ce phénomène a bouleversé la façon de partager le voyage. Jadis, le conducteur ou la conductrice offrait de partager son voyage et son temps d’une forme altruiste, et pendant le voyage on parlait ouvertement. Maintenant, le chauffeur peut cliquer « non parleur » et on doit faire la route comme si on avait fait un vœu de silence. De plus, il y a des gens qui profitent de la situation pour partager un peu plus que le prix de l’essence. 
Par ailleurs, il faut avoir de bonnes références pour être sélectionné, autant le chauffeur que le voyageur ou la voyageuse. Il semblerait que le voyage soit devenu un concours de popularité. Comme sur facebook, on doit avoir un million d’amis sur « covoiturage-book » pour partager un voyage, un voyage en silence pour éviter la rupture de l’amitié.
     J’espère que le covoiturage sera une mode, que les jeunes commenceront de nouveau à faire de l’autostop. S’ils commencent, j’arrêterai ma bagnole pour les emmener, mais il faut qu’ils se taisent car les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas de bonnes conversations.   
Aitor



LA SOLITUDE, FIDELE COMME UNE OMBRE

     Cela fait longtemps, je crois avoir entendu Georges Moustaki avouer que “pour avoir si souvent dormi avec sa solitude”, elle était devenue sa seule compagne. Et je lui fais confiance, à Moustaki, car il n’a jamais utilisé la langue de bois. Pourtant, il n’est pas le seul à vanter les bienfaits qu’éprouvent ceux qui partagent leur vie avec elle.
     Néanmoins, il y a beaucoup de monde qui a vraiment du mal à être seul, à se lier d’amitié avec cette amie qui guette toujours à nos côtés. De ce point de vue, l’humain est conçu comme un être qui se développe de manière équilibrée seulement par rapport aux autres, et avec les autres humains.
    En effet, à l’origine de cette conception admise par les anthropologues et sociologues, se trouve le fait incontestable admettant que tous les développements qui ont sillonné l’histoire de l’humanité ont été créés grâce au travail en commun des hommes.
    En dépit de cela, dans le domaine surtout artistique, la solitude s’avère une condition nécessaire – mais pas suffisante – pour la création de certaines œuvres géniales. Autrement dit, le génie ne se montre jamais, il s’estompe quand il devine la multitude. Tel est le cas des chefs d’œuvre de la littérature, la musique, la peinture… qui ont été créés par des génies isolés du reste du monde.
Et voilà le paradoxe : un résultat qui est au profit et à la délectation de l’humanité doit être réalisé hors de sa présence. Puisque, dans le but de débusquer le génie, il doit se sentir amadoué en solitude, flatté de douces paroles. Ainsi, il se montrera éblouissant, enivrant. Ce génie qui se love comme un ver tout d’un coup quand il entend le murmure des gens. Et qui étend ses ailes, dégourdit ses jambes, et s’apprête à chuchoter des mots magiques à l’oreille de celui qui a eu le privilège de le posséder pendant quelques instants aussi éphémères que le silence de la solitude.

Marisol

MA PETITE MADELEINE DE PROUST

     Quand j'étais un enfant, j'allais tous les dimanches chez mes grands parents pour déjeuner avec ma famille. Tous les jours ma grand mère cuisinait la même chose : de la paella. Et tous les jours nous, les enfants, mangions avant les adultes.
   Parmi les coquillages, les moules, les palourdes, les crevettes et les olives ; ce que j'aimais le plus était le riz qui était "collé" à la poêle. À Valence on utilise le mot "socarrat". Le problème était que tous mes cousins voulaient manger le "socarrat" aussi. Donc, quelques fois c'était la folie, mais à mon avis une bataille qu'il fallait gagner aussi.
     Aujourd'hui ma famille se retrouve de temps en temps : à Noël ou pour célébrer l'anniversaire de mes grands parents. Toutefois, quand ma mère cuisine de la paella et, accidentellement, elle brûle un peu, je me souviens de tous ces dimanches chez mes grands-parents. Ce n'est pas une saveur enivrante, mais d'enfance. Elle m'évoque les neiges d'antan. C'est ma petite madeleine de Proust.
Oier



- Combien ça coûte?
- 20000 Rupies. Mais il y a une heure elle coûtait la moitié ? -Le vendeur sourit.
- Alors,Terima Kasih
     On est aux Iles Gili, concrètement  à la Trawangan, la plus grande des trois merveilleuses qui sont entre Bali et Lombok.
     Le matin,  je me levais pour faire le tour de l’île, une belle promenade de plus de deux heures. Ces îles en plus d’être un cadeau pour les yeux, elles sont  aussi une bénédiction pour l’âme ; il n’y pas d’électricité, de wifi et les transports sont à vélo ou en chariot d’ânes.
     Après le petit-déjeuner, sac à dos et bouteille d’eau fraîche, je partais toute seule avec mes pensées, je le faisais comme une petite méditation, c’étaient les derniers jours après un mois  vraiment touchant.
     Mais ce matin, une fois ma promenade finie, j’avais une mission vitale à remplir ; tous mes T-shirts étaient sales et j’en avais besoin d’un pour le chemin de retour à la civilisation. Le défi ne semblait pas irréalisable mais acheter en Asie entraîne toujours un risque : le marchandage. Même si je suis un as en cet art, c’est une activité que je trouve très incommodante. J’ai toujours l’impression que la personne en face se paye ma tête et je finis par lésiner des centimes auxquels on ne fait pas attention ici dans ma vie occidentale et  je me sens misérable bien que j’aie obtenu une aubaine.
     Donc, c’était la deuxième fois que j’avais demandé le prix du T-shirt, les réponses très différentes, un la moitié d’un autre ça dépendait du vendeur et de l’impression  d’occidentale dupée que je lui donnais. Je souris, oui, oui. L’île cool hippie mais vous vous moquez de moi. J’étais sur le point de capituler, de jeter l’argent par les fenêtres et de payer 2 euros pour un T-shirt quand un mec est apparu, pure style Bronx avec un transistor, « Count on me » de Bruno Mars, volume assourdissant et tous ont commencé à danser. Impressionnant et très drôle !! Alors, quand on va à Rome, il faut faire comme les Romains !! J’ai commencé aussi et tout est devenu une party, tous  en train de danser et rouler comme les fous de Kerouac  et finalement les mecs du magasin m’ont offert le T-shirt comme souvenir de notre rencontre.
Voilà ma Madeleine de Proust, chaque fois que je l’entends, je voyage jusqu’à la beauté de ce moment, mes yeux brillent et je me rappelle que la vie se compose de belles rencontres.
Merche


SAUVER LA PLANETE

     Le modèle économique occidental ne respecte pas l’environnement parce qu’il a besoin de beaucoup de ressources naturelles, il pollue trop, en conséquence, c’est très agressif pour la nature. Bien que les pays développés aient des règles pour protéger l’environnement, ils sont les principaux responsables de la détérioration de la planète, c’est pour ça qu’il faut la sauver.
    D’abord, nous devrons mettre l’écologie au centre de nos décisions individuelles et collectives, en prenant conscience des avantages qu’apportera au futur des nouvelles générations. L’effet de serre et le chauffage des calottes polaires sont les principaux soucis. Cependant, il paraît que les écologistes bouleversent les gouvernements avec leurs idées de conservation de la planète.
     Malgré tout, il faut impliquer à tout le monde. La société occidentale est bien consumériste, ainsi, la surconsommation est notre copain de tous les jours. Il s’agit de gaspiller, d’acheter tout ce qui ne sert à rien. L’éducation est un des plus importants facteurs. Ça sera auparavant le moyen pour commencer cette difficile tâche, dont les médias jouent un rôle décisif.
     Même, le tiers monde qui n’est pas très consumériste, subit les conséquences de la surconsommation des pays développés, la surexploitation des richesses naturelles. D’ailleurs, il est compliqué de convaincre le tiers monde, parce que la pauvreté est là tous les jours, et ils doivent avaler quelque chose pour survivre. Par contre, les gouvernements sont très corrompus, ainsi, ils ne font rien.
     En conclusion, bien que nous sachions qu’il faut sauver la planète, il y a d’autres intérêts qui empêchent d’y arriver. Ce sont les hommes politiques qui doivent obliger à respecter les règles. Après, la communauté internationale établira les accords pour cela. Néanmoins, il y a des pays qui ne signent pas les accords internationaux, comme ceux de Kyoto. Est-il drôle pour eux ? Bizarre pour tous !!!!!! 
 Javier





     Ça n'arrive pas souvent, mais quand ça arrive, je dois reconnaître que c'est surprenant qu'après tant d'années les souvenirs remplissent ma mémoire avec une telle force. Tout d'un coup, je me vois toute petite, peut-être avec huit, neuf ans, tout est préparé pour le premier jour de l'école : le cartable, les livres neufs que ma mère a bien couverts avec le rouleau transparent, la trousse, et dedans il y a ce qui  réveille ma mémoire, les crayons. Bon, ça n'est pas exactement correct. Ma petite Madeleine de Proust est l'odeur de crayons.

     De nos jours, je ne trouve pas cette odeur si fréquemment, peut-être parce que le temps a changé et les matériaux dont les crayons sont faits sont différents, mais avant si, et c'était surprenant de se retrouver à nouveau avec des papillons dans l'estomac, pas pour être amoureuse mais pour retrouver à nouveau les copains, les profs, la cour de récréation....

Jolis souvenirs de l'âge de l'innocence où on passait les jours sans grandes inquiétudes.
Belén



AUTO-STOP VS COVOITURAGE

     Avant de commencer à développer mon opinion sur ces pratiques ou de me positionner pour l’une ou l’autre, je trouve convenable qu’on situe le débat en termes de prise de conscience, dans ce cas-là, en ce qui concerne la mobilité et les ressources dont on fait usage dans ce but.
     En effet, on les a présentés comme s’il s’agissait d’une dichotomie, et j’en doute. À mon avis, ce sont deux façons de faire la même chose, c’est-à-dire, deux variantes d’un même moyen de nous déplacer. Il est hors de question qu’il y ait de vraies nuances  et on parlera après des différences existantes entre eux. Mais, au fond, les deux posent une alternative à l’utilisation privée des véhicules et même si on ne peut pas les mettre sur un pied d’égalité avec les transports en commun, c’est incontournable que cela suppose un changement de pensée dirigée par des critères plus respectueux avec l’environnement et plus loin, avec le développement durable.
     Pour en revenir à la question qui nous occupe, la différence entre le covoiturage et l’auto-stop réside, en premier lieu, dans l’organisation ou l’improvisation du fait. En ce qui concerne le covoiturage, on prévoit tous les égards ; depuis l’heure de départ, jusqu’à l’identité des passagers qui vont voyager. Les défenseurs de cette initiative argumentent que de cette façon-là, on évite des risques liés à la pratique de l’auto-stop avec des gens inconnus et dont on n’a aucune référence. En plus, il est clair qu’on saura quand est-ce qu’on va partir et arriver (plus au moins), tandis qu’en faisant de l’auto-stop c’est totalement au hasard.
     En deuxième lieu, le covoiturage, en tant que pratique réglée par des intermédiaires visant le partage des frais du trajet, implique des taxes. Par contre, l’auto-stop est gratuit, même si certains auto-stoppeurs peuvent décider de donner des pourboires pour montrer leur gratitude.  
     Et finalement, allant un peu plus au profond de la question, on peut considérer que c’est une évolution d’une même pratique qui répond aux changements de la conscience humaine, vu que chacune des variantes a pour motivation une très différente impulsion. À l’égard de l’auto-stop, on aurait plutôt une situation économique défavorable pour affronter un déplacement qui, peut-être, n’est pas urgent. C’est-à-dire, cela peut être la façon choisie par des voyageurs avec un budget ajusté pour se déplacer pendant qu’ils connaissent  les gens de ce pays. D’ailleurs, pour ceux qui font le covoiturage le but principal est, généralement, de voyager le plus à l’aise possible, pouvant le faire à l’heure qui leur convient et un peu moins cher qu’en transport en commun. 
     Cela étant dit, vous imaginerez que d’après moi, soit l’auto-stop, soit le covoiturage, ce sont des pratiques non seulement acceptables, mais aussi valides et complémentaires aux services actuels. C’est pour cela que je défends que les gouvernements  doivent les envisager au moment de proposer leurs plans de mobilité. Je voudrais vous donner un exemple de comment on pourrait le faire. Quand je suis allée à Cuba, j’ai trouvé des gares où les gens faisaient la queue pour faire de l’auto-stop, ce que les insulaires appelaient “faire de la bouteille”. Il y avait une personne travaillant pour l’État qui s’occupait d’organiser  d’un côté, l’arrêt des véhicules, et de l’autre côté, en fonction du nombre de places et la destination qu’il avait, à qui c’était de monter. En plus, même si ce n’est pas obligatoire pour tous ceux qui conduisent, ceux qui appartiennent à l’État ou à l’église, ayant une plaque de couleur bleue et orange respectivement (si ma mémoire ne me trompe pas), doivent s’arrêter. Autrement dit, l’auto-stop fait partie du réseau des transports en commun de l’île ou, si vous préférez, le covoiturage des véhicules publics est libre et gratuit.
     En définitif, pensons à proposer des alternatives à l’usage privé de la voiture et agissons en conséquence dans la mesure du possible. 

Ilune


PROMENADE À CÔTÉ DE MON ANCIENNE ÉCOLE

            Dimanche dernier je suis allé avec ma petite copine vers le quartier où mes parents habitent encore. Ils adorent ces promenades autour du parc d’Aranbizkarra, où mon enfance et mon adolescence se sont déroulées. C’est vrai que les gens de mon âge ont déjà déménagé en banlieue et presque personne de connue ne reste de ma génération par là-bas. Néanmoins, j’aime encore toujours quand j’y vais.
Cette dernière fois, me sont apparus tout d’un coup des souvenirs de mon enfance à l’école (située juste à côté du parc), comme une petite madeleine de Proust. Soudain je me suis rappelé comment on jouait au football dans la cours de récréation, on découvrait peu à peu la vie en devenant des ados… En fait, j’ai connu mes amis de ma bande là-bas et grâce à eux, j’ai vraiment eu la chance de partager ma vie avec des personnes incroyables.
            Un peu plus tard, je me suis rendu compte de la vitesse à laquelle la vie s’écoule, elle n’arrête jamais… alors attends ! Il faut bien la saisir pour en profiter.
                                                                       Angel




DU COTE DE CHEZ FELICITE

     Même au risque d’être injuste avec la littérature contemporaine, et pour soutenir l’idée du grand ami de Marcel Proust, Robert de Montesquieu, je suis persuadée que, tant qu’il y aura de littérature qui aura survécu pendant des années au va-et-vient des modes ou à l’intérêt politique de publier des livres dans une langue en particulier, il faudrait  se pencher sur cette source de beauté et de connaissance qu’est la littérature classique.
     Malheureusement pour moi, je n’éprouve aucun plaisir à lire des romans modernes qui, à mon avis, ne cherchent qu’à frapper notre mentalité et à débiter des idées saugrenues. Et je veux avouer que je fouille, sans relâche, dans les librairies dans l’espoir de débusquer dans les nouveautés des écrivains le livre qui puisse me donner envie de l’acheter.
     Malgré tout, je suis prête à accepter qu’il faut être un peu branché aux nouveaux airs littéraires, ainsi qu’à la peinture moderne. Mais je trouve toujours des romans inattendus, qui me guettent et me rappellent qu’il me reste encore d’autres “amis” à connaître et avec qui partager mon temps et, enfin, ma vie. Puisque beaucoup des personnages de certains romans sont devenus plus que cela, et je pense à eux comme s’ils étaient des proches: Félicité de Flaubert, le baron de Charlus de Proust, Duroy de Maupassant, Madame de Bringas de Benito Pérez Galdós… Et tant d’autres qui, au fil de ma vie, ont pu prendre une place dans mon cœur.
Marisol

LES MIMOSAS D’ALGER

     Dans ce petit village où se déroulent mes jours de vacances, le vent froid et humide de l’hiver frappait contre tout ce qui s’opposait à son chemin et à sa force inépuisable. Mais il y eut, pendant  quelques secondes, un subtil parfum qui, malgré l’effort du vent pour l’anéantir, réussit à imposer sa présence par d’éphémères intervalles: celui des mimosas.
     C’étaient déjà les premiers beaux jours du mois de février. Les petites boules jaunes des mimosas commençaient à s’épanouir et à dégager cette odeur qui m’a fait tressaillir et vivre, encore un fois, mes jours, à vrai dire, les plus heureux de ma vie: mes années en Algérie.
     Et avec cette odeur si fine, si mince, si enivrante, je commence à éprouver une joie et, en même temps, le chagrin du temps perdu qui s’est échappé, s’est écoulé, sans que l’on puisse, pour autant, avoir la certitude d’avoir profité de tout ce que jadis j’avais devant mes yeux. Peut-être trop jeune pour tout ce bonheur gaspillé.
     Ainsi, le parfum des mimosas me fait voir la mer rassurée de la baie d’Alger, d’un bleu éclatant, accompagné de la lumière dont Camus nous avait déjà prévenus. Aussi la lueur des rochers mouillés et frappés par cette mer qui gondole, à des intervalles symétriques, l’écume blanche, telle de la dentelle.
     Il me semble encore entendre l’appel à la prière du minaret du quartier El Biar, où j’habitais. Après, tout d’un coup, les pas pressés du concierge qui montait les escaliers pour me donner le grand bouquet de mimosas, et qui, comme homme pratique qu’il était, n’arrivait pas à comprendre que j’adorais ces fleurs, mais sans que cela semble pour autant l’affecter.
     Pourtant, je me demande si je devrais laisser tomber cet amour impossible d’une odeur, d’une fleur qui, à présent, s’avère incapable de me faire éprouver l’insouciance, la naïveté que j’avais jadis.
Marisol


MA PETITE MADELEINE DE PROUST

Il était une fois un petit quartier ouvrier à Vitoria.
Ses rues bondées de tout genre de magasins dont les voisins avaient besoin, et dont les patrons étaient connus de tous.

En face de la porte d’entrée du bâtiment où j’habitais, il y avait la boucherie de Mertxe, la coiffure d’Arantxa, la mercière Aurori, la poissonnerie Mila, voire un tout petit magasin de bonbons où l’on pouvait faire l’échange de BD, magazines, etc., déjà lus, contre d’autres encore inconnus, curieuse habitude maintenant disparue (peut-être devenue bibliothèque publique ? J’en sais rien !).

L’école était bien proche de chez moi, de sorte qu’on ne devait traverser que trois petites routes à peine transitées, pour y arriver.
Il était drôle de voir, aux heures concernées, de nombreux enfants s’y dirigeant, endormis, tranquilles.
Il était encore plus mignon de les observer sortir, euphoriques, en courant pour atteindre si tôt que possible leur foyer, prendre un petit sandwich avec du chocolat, et descendre à toute vitesse pour rejoindre leurs amis, pour passer tout l’après-midi à jouer, et ne penser à remonter que pour dîner, quand on sentait dans l’air l’odeur des frites.
     Un peu plus tard, étant adolescent, on voyait le temps s’écouler, sans rien faire que bavarder assis sur des escaliers, en jetant un coup d’œil aux garçons qui passaient, et en regardant la vie, tout en mangeant des graines de tournesol.

Tout cela est fini, évanoui, disparu.

Jamais plus de magasins, d’enfants, d’adolescents, dans le quartier.

Maintenant, c’est celui de nos aînés, et pourtant, eux aussi, voient la vie passer, calmes, avec l’esprit d’avoir tout fait.
     Or, malgré ce sentiment silencieux de perte, je confirme que, chaque fois que je rends visite à mon père, qui habite toujours là, tous ces sons, ces images, ces arômes, ces cris, me reviennent avec une telle intensité que c’est comme si j’avais voyagé dans le temps, et j’étais de nouveau enfant.

C’est ma petite madeleine !!!!

Julia




ÉCOUTANT LES FORCES DE LA NATURE                   

Jour 1. Prévision de la météo: Ensoleillé, froid et ambiance brumeuse.
    « 1er Janvier, un nouvel an qui commence, une nouvelle possibilité de changer à mieux sa vie » c’est ce qu’elle se répétait dans le train vers sa ville d’adoption. À mi-chemin le portable sonna, son dernier chéri lui avait envoyé un texto : « nous devons parler », « ah ben, ça commence bien, l’année », elle s’était dit. Bizarre, elle regarda son portable parce qu’elle ne ressentait rien : pas d’amour, pas de chagrin. Elle se trouvait anesthésiée  d’une douleur exquise à cause d’un copain de travail depuis mars dernier, et même si elle avait essayé de la soulager avec quelqu’un d’autre, ça n’avait pas été finalement une bonne idée. « Rendez-vous à demain » elle répondit.
Jour 2. Prévision de la météo: Ciel couvert. De la pluie, parfois forte.
      Le lendemain, après une nuit blanche, elle se dirigea au rendez-vous sous la pluie avec un refrain dans la tête, « lui, il va me quitter, il va me quitter ». Mais son angoisse provenait d’un nouvel échec, pas de perdre à nouveau son petit ami. Assise devant lui, elle écouta impassible les motifs banals de la rupture, «  je ne sens pas que tu m’aimes et blabla », et en même temps elle entendait la pluie tomber au fond, comme s’il s’agissait d’un mantra spirituel. À la fin de la conversation, elle eut besoin de rester sous la pluie en diluant ce qu’elle venait d’expérimenter. Et là, vraiment trempée, elle éclata en sanglots. Ses sentiments sont sortis à travers ses yeux en forme de gouttes superlatives qui se mélangeaient avec celles de la pluie : une amertume aqueuse qui finirait par mourir dans un égout proche.
Jour 3. Prévision de la météo: Ciel très nuageux à couvert. Pas de précipitations. Vent fort.
    Ses yeux se levèrent gonflés. Encore en vacances de Noël, elle resta une heure de plus sur le lit à regarder le plafond. Et après ce vide, sans aucune raison, elle prit le portable pour envoyer un texto au copain pour qui elle avait craqué. « Un café ? ». « Bien sûr ». Au fur et à mesure qu’elle s’approchait du café, le vent soufflait de plus en plus fort. Son écharpe commença à flotter balancée par l’air et à vouloir voler, à s’échapper d’elle. Agile, elle attrapa la laine coquine et la serra fort dans sa main, mais la force du vent était telle à ce moment-là qu’elle fut poussée en arrière comme si le destin voulait lui dire quelque chose. Malgré le vent, elle atteignit le café, mais pour vérifier que le sujet de son affliction avait invité plus de copains au rendez-vous.
Raquel

 Pour commencer une nouvelle balade au pays des mots avec de nouvelles plumes, laissons en premier lieu la parole à Marguerite Duras :

 "Écrire. Je ne peux pas.
Personne ne peut.
Il faut le dire, on ne peut pas.
Et on écrit.
C’est l’inconnu qu’on porte en soi écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien.
On peut parler d’une maladie de l’écrit.
Ce n’est pas simple ce que j’essaie de dire là, mais je crois qu’on peut s’y retrouver,
camarades de tous les pays.
Il y a une folie d’écrire qui est en soi-même, une folie d’écrire furieuse mais ce n’est pas
pour cela qu’on est dans la folie. Au contraire.
L’écriture c’est l’inconnu. Avant d’écrire, on ne sait rien de ce qu’on va écrire. Et en
toute lucidité.
C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire,
c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même,
d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible,douée de pensée, de colère, et
qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie.
Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on
n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.
Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait — on ne le sait qu’après —
avant, c’est la question la plus dangereuse que l’on puisse se poser. Mais c’est la plus
courante aussi.
L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme
rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."
                                                                                                                                  M.D.
                                                                                                               Neauphle-le-Château, 1993.