LE COURAGE
“Le courage est la première des
qualités humaines, car elle garantit toutes
les autres. Aristote.
Qu’est-ce
qu’on pourrait dire sur le courage aujourd’hui ? Peut-être qu’on affirmera
que le courage est le manque de peur, d’autres diront que le courage a une part
de folie ou que le courage est pour les audacieux et parfois pour ceux qui
n’ont rien à perdre.
Le courage, un mot qui évoque de
grandes images, de belles actions, de grandes
prouesses et de grands héros. Le courage, censé nous insuffler des
pouvoirs pour tout affronter. Oui, la version la plus édulcorée de cette vertu,
une version sur laquelle on lit ou regarde des films. Mais, si l’on rentre dans
notre réalité, face à ce pessimisme ambiant, qui sont les vrais courageux
d’aujourd’hui ?
Il faut se transformer en grands héros de bec et
d’ongles, résistants à la fatalité pour vivre une vie avec courage ou peut-être
sommes-nous tous entourés par des courageux ; des personnes anonymes qui font preuve de courage
dans la vie de tous les jours. Des personnes qui en choisissant d’être
courageux changent leur vie et la vie des personnes qui les
entourent. Les optimistes de nos sociétés qui ont confiance en eux-mêmes et en
le monde.
Quand on réfléchit aux personnes qui incarnent le courage,
on ne devrait pas oublier celles qui au milieu de certaines situations
douloureuses, trouvent la force et les ressources de garder le calme pour ne
pas glisser vers la haine envers les autres. Ceux qui prennent la défense de
ceux qui n’ont pas les moyens eux-mêmes, oppressés par les injustices, censurés
par manque de liberté. Ils ne sont pas des héros connus, on ne les regardera
pas à la télé ; cependant ils sont le miroir où se chercher.
Mais, sans faire face aux grandes calamités de notre
monde nous avons tous la possibilité faire preuve de courage, ainsi que
d’encourager ceux qui nous accompagnent sur le chemin de la vie. Le courage est
une force, qui s’acquiert lorsqu’on affronte des choses qui nous heurtent, ces choses
que nous sommes obligés de dépasser, et notre attitude peut servir d’exemple
pour encourager les autres ; c’est stimuler l’envie de vivre, d’assumer
les défis.
Il faut seulement que nous acceptions de nous sentir
responsables et par conséquent d’agir pour modifier le cours des événements. Le
courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité de se rendre compte que le
but est vraiment important pour prendre des risques.
Alors, bon courage !!
Acceptons de nous sentir responsables et par conséquent d’agir pour
modifier le cours des événements, parce le courage n’est pas l’absence de peur
mais c’est se rendre compte que le but est vraiment important pour prendre des
risques.
Bon courage !
Merche
VOYAGER
Ce week-end en cherchant la destination pour mes
prochaines vacances, je suis tombée sur cette phrase de Saint-Augustin : « le
monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page ». Moi
en tant que passionnée de lecture et routarde, je ne peux qu’applaudir cette
belle métaphore dont la signification demeure plus actuelle et plus forte que
jamais ; parfois un moine du 4ème siècle peut décrire notre
société mieux que nous.
Saint-Augustin compare le monde à un
livre, même si pour moi l’importance de voyager est claire ; il faut
mettre en question si les voyages sont en effet un moyen pour vraiment
découvrir le monde. En plus on peut tout de même se demander si le seul fait de
voyager suffit pour accumuler des
connaissances sur ce monde et ses intéressants habitants.
Au milieu de nos sociétés civilisées, il y a des gens que
n’ont pas besoin de sortir pour visiter de nouveaux endroits. Parfois, il me
semble que de nos jours, on est satisfait avec une connaissance virtuelle du
monde. C’est vrai qu’en face de l’écran de notre ordinateur on peut lire des
infos, regarder des photos, s’imprégner des lieux, mais ce ne sera qu’une
vision zigzagante de la réalité parce qu’on aperçoit l’extérieur à travers le
point de vue d’une autre personne, une vision subjective qui ne rendra jamais
possible le fait de se sentir appartenu par le lieu.
Pour moi c’est fondamental, il faut voyager ;
voyager éveille la curiosité, stimule le
désir d’apprendre et de comprendre le monde qui nous entoure. Cela nous rend plus sages et à la fois plus
humbles, et ça nous permet de grandir en tant que personnes. Voyager comble les
sens et le cœur.
Le voyage met à
notre portée visiter les lieux lointains ou non, admirer une autre nature et
connaître d’autres cultures ; mais même si l’on n’est pas très
spirituelle, on doit admettre que tout voyage se fait sur deux versants, l’un
extérieur par la compréhension rationnelle de ce qu’on trouve ; l’autre
intérieur, l’épanouissement par la connaissance de soi-même.
Cette ouverture d’esprit joint toutes les facettes de
notre être humain. Ce n’est pas par hasard, ceux qui ont respiré un air
différent, ceux qui ont vécu des moments vitaux au milieu d’un autre monde,
conservent toujours le regard curieux et un grand respect pour autrui. Ils ont
appris l’importance de connaître d’autres cultures, d’autres façons de vivre,
et que cela fournit une compréhension plus large et profonde de leur vie. Ils
remercient d’avoir l’opportunité de trouver des personnes qui ont un point de
vue différent et qui les rapprochent aussi de nouvelles valeurs avec lesquelles
rédiger leur chemin. En voyageant, on se libère des préjugés et des
préventions, on acquiert de la tolérance et surtout on devient plus humain.
Une fois qu’on comprend que
voyager, ce n’est pas seulement se déplacer dans l’espace physique, que cela
atteint aussi une dimension intérieure, on commence à flâner autrement, on est
plus conscient puisqu’on a découvert, comme Henry Miller écrivit, que notre
destination n’est jamais un lieu, mais plutôt une nouvelle façon de regarder
les choses, ce qui transforme le voyage en une recherche de soi-même.
Merche
COVOITURER OU NE PAS COVOITURER,
TELLE EST LA QUESTION
Loin est l’époque où on allait
aux concerts punks en bougeant un seul doigt, le pouce. On avait seize ans, on
disait à nos parents qu’on irait en bus, et on dépensait l’argent pour payer le
bus en alcool (ou d’autres substances qu’il n’est pas permis d’écrire).
Aujourd’hui, les jeunes n’aiment pas le punk, ils adorent les concerts de
reggaeton mais ils n’y vont pas en autostop, c’est papi ou mamie qui les
emmènent ou ils s’y présentent en
covoiturage.
Ce phénomène a bouleversé la
façon de partager le voyage. Jadis, le conducteur ou la conductrice offrait de
partager son voyage et son temps d’une forme altruiste, et pendant le voyage on
parlait ouvertement. Maintenant, le chauffeur peut cliquer « non
parleur » et on doit faire la route comme si on avait fait un vœu de
silence. De plus, il y a des gens qui profitent de la situation pour partager
un peu plus que le prix de l’essence.
Par ailleurs, il faut avoir de bonnes références pour être sélectionné, autant
le chauffeur que le voyageur ou la voyageuse. Il semblerait que le voyage soit
devenu un concours de popularité. Comme sur facebook, on doit avoir un million
d’amis sur « covoiturage-book » pour partager un voyage, un voyage en
silence pour éviter la rupture de l’amitié.
J’espère que le covoiturage sera
une mode, que les jeunes commenceront de nouveau à faire de l’autostop. S’ils
commencent, j’arrêterai ma bagnole pour les emmener, mais il faut qu’ils se
taisent car les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas de bonnes conversations.
Aitor
LA SOLITUDE, FIDELE COMME UNE OMBRE
Cela fait longtemps, je crois
avoir entendu Georges Moustaki avouer que “pour avoir si souvent dormi avec sa solitude”, elle était devenue sa
seule compagne. Et je lui fais confiance, à Moustaki, car il n’a jamais utilisé
la langue de bois. Pourtant, il n’est pas le seul à vanter les bienfaits
qu’éprouvent ceux qui partagent leur vie avec elle.
Néanmoins, il y a beaucoup de
monde qui a vraiment du mal à être seul, à se lier d’amitié avec cette amie qui
guette toujours à nos côtés. De ce point de vue, l’humain est conçu comme un
être qui se développe de manière équilibrée seulement par rapport aux autres,
et avec les autres humains.
En effet, à l’origine de cette
conception admise par les anthropologues et sociologues, se trouve le fait
incontestable admettant que tous les développements qui ont sillonné l’histoire
de l’humanité ont été créés grâce au travail en commun des hommes.
En dépit de cela, dans le domaine
surtout artistique, la solitude s’avère une condition nécessaire – mais pas
suffisante – pour la création de certaines œuvres géniales. Autrement dit, le
génie ne se montre jamais, il s’estompe quand il devine la multitude. Tel est
le cas des chefs d’œuvre de la littérature, la musique, la peinture… qui ont
été créés par des génies isolés du reste du monde.
Et voilà le paradoxe : un résultat qui est au profit et à la délectation de
l’humanité doit être réalisé hors de sa présence. Puisque, dans le but de
débusquer le génie, il doit se sentir amadoué en solitude, flatté de douces
paroles. Ainsi, il se montrera éblouissant, enivrant. Ce génie qui se love
comme un ver tout d’un coup quand il entend le murmure des gens. Et qui étend
ses ailes, dégourdit ses jambes, et s’apprête à chuchoter des mots magiques à
l’oreille de celui qui a eu le privilège de le posséder pendant quelques
instants aussi éphémères que le silence de la solitude.
Marisol
MA PETITE MADELEINE DE PROUST
Quand j'étais un enfant,
j'allais tous les dimanches chez mes grands parents pour déjeuner avec ma
famille. Tous les jours ma grand mère cuisinait la même chose : de la paella.
Et tous les jours nous, les enfants, mangions avant les adultes.
Parmi les coquillages, les moules,
les palourdes, les crevettes et les olives ; ce que j'aimais le plus était le
riz qui était "collé" à la poêle. À Valence on utilise le mot
"socarrat". Le problème était que tous mes cousins voulaient manger
le "socarrat" aussi. Donc, quelques fois c'était la folie, mais à mon
avis une bataille qu'il fallait gagner aussi.
Aujourd'hui ma famille se
retrouve de temps en temps : à Noël ou pour célébrer l'anniversaire de mes
grands parents. Toutefois, quand ma mère cuisine de la paella et,
accidentellement, elle brûle un peu, je me souviens de tous ces dimanches chez
mes grands-parents. Ce n'est pas une saveur enivrante, mais d'enfance. Elle
m'évoque les neiges d'antan. C'est ma petite madeleine de Proust.
Oier
- Combien ça coûte?
- 20000 Rupies. Mais il y a une heure elle coûtait la moitié ? -Le
vendeur sourit.
- Alors,Terima Kasih
On est aux Iles Gili,
concrètement à la Trawangan, la plus
grande des trois merveilleuses qui sont entre Bali et Lombok.
Le matin, je me levais pour faire le tour de l’île, une
belle promenade de plus de deux heures. Ces îles en plus d’être un cadeau pour
les yeux, elles sont aussi une
bénédiction pour l’âme ; il n’y pas d’électricité, de wifi et les
transports sont à vélo ou en chariot d’ânes.
Après le petit-déjeuner, sac à
dos et bouteille d’eau fraîche, je partais toute seule avec mes pensées, je le
faisais comme une petite méditation, c’étaient les derniers jours après un
mois vraiment touchant.
Mais ce matin, une fois ma
promenade finie, j’avais une mission vitale à remplir ; tous mes T-shirts
étaient sales et j’en avais besoin d’un pour le chemin de retour à la civilisation.
Le défi ne semblait pas irréalisable mais acheter en Asie entraîne toujours un
risque : le marchandage. Même si je suis un as en cet art, c’est une
activité que je trouve très incommodante. J’ai toujours l’impression que la
personne en face se paye ma tête et je finis par lésiner des centimes auxquels
on ne fait pas attention ici dans ma vie occidentale et je me sens misérable bien que j’aie obtenu une
aubaine.
Donc, c’était la deuxième fois
que j’avais demandé le prix du T-shirt, les réponses très différentes, un la
moitié d’un autre ça dépendait du vendeur et de l’impression d’occidentale dupée que je lui donnais. Je
souris, oui, oui. L’île cool hippie mais vous vous moquez de moi. J’étais sur
le point de capituler, de jeter l’argent par les fenêtres et de payer 2 euros
pour un T-shirt quand un mec est apparu, pure style Bronx avec un transistor,
« Count on me » de Bruno Mars, volume assourdissant et tous ont
commencé à danser. Impressionnant et très drôle !! Alors, quand on va à
Rome, il faut faire comme les Romains !! J’ai commencé aussi et tout est
devenu une party, tous en train de
danser et rouler comme les fous de Kerouac
et finalement les mecs du magasin m’ont offert le T-shirt comme souvenir
de notre rencontre.
Voilà ma Madeleine de Proust, chaque fois que je l’entends, je voyage
jusqu’à la beauté de ce moment, mes yeux brillent et je me rappelle que la vie
se compose de belles rencontres.
Merche
SAUVER LA PLANETE
Le modèle économique occidental ne
respecte pas l’environnement parce qu’il a besoin de beaucoup de ressources
naturelles, il pollue trop, en conséquence, c’est très agressif pour la nature.
Bien que les pays développés aient des règles pour protéger l’environnement,
ils sont les principaux responsables de la détérioration de la planète, c’est
pour ça qu’il faut la sauver.
D’abord, nous devrons mettre l’écologie au
centre de nos décisions individuelles et collectives, en prenant conscience des
avantages qu’apportera au futur des nouvelles générations. L’effet de serre et
le chauffage des calottes polaires sont les principaux soucis. Cependant, il
paraît que les écologistes bouleversent les gouvernements avec leurs idées de
conservation de la planète.
Malgré tout, il faut impliquer à tout le
monde. La société occidentale est bien consumériste, ainsi, la surconsommation
est notre copain de tous les jours. Il s’agit de gaspiller, d’acheter tout ce
qui ne sert à rien. L’éducation est un des plus importants facteurs. Ça sera
auparavant le moyen pour commencer cette difficile tâche, dont les médias
jouent un rôle décisif.
Même, le tiers monde qui n’est pas très
consumériste, subit les conséquences de la surconsommation des pays développés,
la surexploitation des richesses naturelles. D’ailleurs, il est compliqué de
convaincre le tiers monde, parce que la pauvreté est là tous les jours, et ils
doivent avaler quelque chose pour survivre. Par contre, les gouvernements sont très
corrompus, ainsi, ils ne font rien.
En conclusion, bien que nous sachions
qu’il faut sauver la planète, il y a d’autres intérêts qui empêchent d’y arriver.
Ce sont les hommes politiques qui doivent obliger à respecter les règles.
Après, la communauté internationale établira les accords pour cela. Néanmoins,
il y a des pays qui ne signent pas les accords internationaux, comme ceux de
Kyoto. Est-il drôle pour eux ? Bizarre pour tous !!!!!!
Javier
Ça n'arrive pas souvent, mais quand ça
arrive, je dois reconnaître que c'est surprenant qu'après tant d'années les
souvenirs remplissent ma mémoire avec une telle force. Tout d'un coup, je me
vois toute petite, peut-être avec huit, neuf ans, tout est préparé pour le
premier jour de l'école : le cartable, les livres neufs que ma mère a bien
couverts avec le rouleau transparent, la trousse, et dedans il y a ce qui
réveille ma mémoire, les crayons. Bon, ça n'est pas exactement correct. Ma
petite Madeleine de Proust est l'odeur de crayons.
De nos jours, je ne trouve pas cette odeur
si fréquemment, peut-être parce que le temps a changé et les matériaux dont les
crayons sont faits sont différents, mais avant si, et c'était surprenant de se
retrouver à nouveau avec des papillons dans l'estomac, pas pour être amoureuse
mais pour retrouver à nouveau les copains, les profs, la cour de récréation....
Jolis souvenirs
de l'âge de l'innocence où on passait les jours sans grandes inquiétudes.
Belén
AUTO-STOP VS COVOITURAGE
Avant de commencer à développer
mon opinion sur ces pratiques ou de me positionner pour l’une ou l’autre, je
trouve convenable qu’on situe le débat en termes de prise de conscience, dans
ce cas-là, en ce qui concerne la mobilité et les ressources dont on fait usage
dans ce but.
En effet, on les a présentés
comme s’il s’agissait d’une dichotomie, et j’en doute. À mon avis, ce sont deux
façons de faire la même chose, c’est-à-dire, deux variantes d’un même moyen de
nous déplacer. Il est hors de question qu’il y ait de vraies nuances et on parlera après des différences
existantes entre eux. Mais, au fond, les deux posent une alternative à
l’utilisation privée des véhicules et même si on ne peut pas les mettre sur un
pied d’égalité avec les transports en commun, c’est incontournable que cela
suppose un changement de pensée dirigée par des critères plus respectueux avec
l’environnement et plus loin, avec le développement durable.
Pour en revenir à la question
qui nous occupe, la différence entre le covoiturage et l’auto-stop réside, en
premier lieu, dans l’organisation ou l’improvisation du fait. En ce qui
concerne le covoiturage, on prévoit tous les égards ; depuis l’heure de départ,
jusqu’à l’identité des passagers qui vont voyager. Les défenseurs de cette initiative
argumentent que de cette façon-là, on évite des risques liés à la pratique de
l’auto-stop avec des gens inconnus et dont on n’a aucune référence. En plus, il
est clair qu’on saura quand est-ce qu’on va partir et arriver (plus au moins),
tandis qu’en faisant de l’auto-stop c’est totalement au hasard.
En deuxième lieu, le
covoiturage, en tant que pratique réglée par des intermédiaires visant le
partage des frais du trajet, implique des taxes. Par contre, l’auto-stop est
gratuit, même si certains auto-stoppeurs
peuvent décider de donner des pourboires pour montrer leur gratitude.
Et finalement, allant un peu
plus au profond de la question, on peut considérer que c’est une évolution
d’une même pratique qui répond aux changements de la conscience humaine, vu que
chacune des variantes a pour motivation une très différente impulsion. À
l’égard de l’auto-stop, on aurait plutôt une situation économique défavorable
pour affronter un déplacement qui, peut-être, n’est pas urgent. C’est-à-dire,
cela peut être la façon choisie par des voyageurs avec un budget ajusté pour se
déplacer pendant qu’ils connaissent les
gens de ce pays. D’ailleurs, pour ceux qui font le covoiturage le but principal
est, généralement, de voyager le plus à l’aise possible, pouvant le faire à
l’heure qui leur convient et un peu moins cher qu’en transport en commun.
Cela étant dit, vous imaginerez
que d’après moi, soit l’auto-stop, soit le covoiturage, ce sont des pratiques
non seulement acceptables, mais aussi valides et complémentaires aux services
actuels. C’est pour cela que je défends que les gouvernements doivent les envisager au moment de proposer
leurs plans de mobilité. Je voudrais vous donner un exemple de comment on
pourrait le faire. Quand je suis allée à Cuba, j’ai trouvé des gares où les
gens faisaient la queue pour faire de l’auto-stop, ce que les insulaires appelaient
“faire de la bouteille”. Il y avait une personne travaillant pour l’État qui
s’occupait d’organiser d’un côté,
l’arrêt des véhicules, et de l’autre côté, en fonction du nombre de places et
la destination qu’il avait, à qui c’était de monter. En plus, même si ce n’est
pas obligatoire pour tous ceux qui conduisent, ceux qui appartiennent à l’État
ou à l’église, ayant une plaque de couleur bleue et orange respectivement (si
ma mémoire ne me trompe pas), doivent s’arrêter. Autrement dit, l’auto-stop
fait partie du réseau des transports en commun de l’île ou, si vous préférez,
le covoiturage des véhicules publics est libre et gratuit.
En définitif, pensons à proposer
des alternatives à l’usage privé de la voiture et agissons en conséquence dans
la mesure du possible.
Ilune
PROMENADE
À CÔTÉ DE MON ANCIENNE ÉCOLE
Dimanche
dernier je suis allé avec ma petite copine vers le quartier où mes parents
habitent encore. Ils adorent ces promenades autour du parc d’Aranbizkarra, où
mon enfance et mon adolescence se sont déroulées. C’est vrai que les gens de mon
âge ont déjà déménagé en banlieue et presque personne de connue ne reste de ma
génération par là-bas. Néanmoins, j’aime encore toujours quand j’y vais.
Cette dernière fois, me
sont apparus tout d’un coup des souvenirs de mon enfance à l’école (située juste
à côté du parc), comme une petite madeleine de Proust. Soudain je me suis
rappelé comment on jouait au football dans la cours de récréation, on
découvrait peu à peu la vie en devenant des ados… En fait, j’ai connu mes amis
de ma bande là-bas et grâce à eux, j’ai vraiment eu la chance de partager ma
vie avec des personnes incroyables.
Un
peu plus tard, je me suis rendu compte de la vitesse à laquelle la vie
s’écoule, elle n’arrête jamais… alors attends ! Il faut bien la saisir
pour en profiter.
Angel
DU COTE DE CHEZ FELICITE
Même au risque d’être injuste
avec la littérature contemporaine, et pour soutenir l’idée du grand ami de
Marcel Proust, Robert de Montesquieu, je suis persuadée que, tant qu’il y aura
de littérature qui aura survécu pendant des années au va-et-vient des modes ou
à l’intérêt politique de publier des livres dans une langue en particulier, il
faudrait se pencher sur cette source de
beauté et de connaissance qu’est la littérature classique.
Malheureusement pour moi, je
n’éprouve aucun plaisir à lire des romans modernes qui, à mon avis, ne
cherchent qu’à frapper notre mentalité et à débiter des idées saugrenues. Et je
veux avouer que je fouille, sans relâche, dans les librairies dans l’espoir de
débusquer dans les nouveautés des écrivains le livre qui puisse me donner envie
de l’acheter.
Malgré tout, je suis prête à
accepter qu’il faut être un peu branché aux nouveaux airs littéraires, ainsi
qu’à la peinture moderne. Mais je trouve toujours des romans inattendus, qui me
guettent et me rappellent qu’il me reste encore d’autres “amis” à connaître et
avec qui partager mon temps et, enfin, ma vie. Puisque beaucoup des personnages
de certains romans sont devenus plus que cela, et je pense à eux comme s’ils
étaient des proches: Félicité de Flaubert, le baron de Charlus de Proust, Duroy
de Maupassant, Madame de Bringas de Benito Pérez Galdós… Et tant d’autres qui,
au fil de ma vie, ont pu prendre une place dans mon cœur.
Marisol
LES MIMOSAS D’ALGER
Dans ce petit village où se
déroulent mes jours de vacances, le vent froid et humide de l’hiver frappait
contre tout ce qui s’opposait à son chemin et à sa force inépuisable. Mais il y
eut, pendant quelques secondes, un
subtil parfum qui, malgré l’effort du vent pour l’anéantir, réussit à imposer
sa présence par d’éphémères intervalles: celui des mimosas.
C’étaient déjà les premiers
beaux jours du mois de février. Les petites boules jaunes des mimosas
commençaient à s’épanouir et à dégager cette odeur qui m’a fait tressaillir et
vivre, encore un fois, mes jours, à vrai dire, les plus heureux de ma vie: mes
années en Algérie.
Et avec cette odeur si fine, si
mince, si enivrante, je commence à éprouver une joie et, en même temps, le
chagrin du temps perdu qui s’est échappé, s’est écoulé, sans que l’on puisse,
pour autant, avoir la certitude d’avoir profité de tout ce que jadis j’avais
devant mes yeux. Peut-être trop jeune pour tout ce bonheur gaspillé.
Ainsi, le parfum des mimosas me
fait voir la mer rassurée de la baie d’Alger, d’un bleu éclatant, accompagné de
la lumière dont Camus nous avait déjà prévenus. Aussi la lueur des rochers
mouillés et frappés par cette mer qui gondole, à des intervalles symétriques,
l’écume blanche, telle de la dentelle.
Il me semble encore entendre
l’appel à la prière du minaret du
quartier El Biar, où j’habitais. Après, tout d’un coup, les pas pressés du
concierge qui montait les escaliers pour me donner le grand bouquet de mimosas,
et qui, comme homme pratique qu’il était, n’arrivait pas à comprendre que
j’adorais ces fleurs, mais sans que cela semble pour autant l’affecter.
Pourtant, je me demande si je
devrais laisser tomber cet amour impossible d’une odeur, d’une fleur qui, à présent,
s’avère incapable de me faire éprouver l’insouciance, la naïveté que j’avais
jadis.
Marisol
MA PETITE MADELEINE DE PROUST
Il était une
fois un petit quartier ouvrier à Vitoria.
Ses rues
bondées de tout genre de magasins dont les voisins avaient besoin, et dont les
patrons étaient connus de tous.
En face de la
porte d’entrée du bâtiment où j’habitais, il y avait la boucherie de Mertxe, la
coiffure d’Arantxa, la mercière Aurori, la poissonnerie Mila, voire un tout
petit magasin de bonbons où l’on pouvait faire l’échange de BD, magazines,
etc., déjà lus, contre d’autres encore inconnus, curieuse habitude maintenant
disparue (peut-être devenue bibliothèque publique ? J’en sais
rien !).
L’école était
bien proche de chez moi, de sorte qu’on ne devait traverser que trois petites
routes à peine transitées, pour y arriver.
Il était drôle
de voir, aux heures concernées, de nombreux enfants s’y dirigeant, endormis,
tranquilles.
Il était encore
plus mignon de les observer sortir, euphoriques, en courant pour atteindre si
tôt que possible leur foyer, prendre un petit sandwich avec du chocolat, et
descendre à toute vitesse pour rejoindre leurs amis, pour passer tout
l’après-midi à jouer, et ne penser à remonter que pour dîner, quand on sentait
dans l’air l’odeur des frites.
Un peu plus tard, étant adolescent, on
voyait le temps s’écouler, sans rien faire que bavarder assis sur des
escaliers, en jetant un coup d’œil aux garçons qui passaient, et en regardant
la vie, tout en mangeant des graines de tournesol.
Tout cela est
fini, évanoui, disparu.
Jamais plus de
magasins, d’enfants, d’adolescents, dans le quartier.
Maintenant,
c’est celui de nos aînés, et pourtant, eux aussi, voient la vie passer, calmes,
avec l’esprit d’avoir tout fait.
Or, malgré ce sentiment silencieux de
perte, je confirme que, chaque fois que je rends visite à mon père, qui habite
toujours là, tous ces sons, ces images, ces arômes, ces cris, me reviennent
avec une telle intensité que c’est comme si j’avais voyagé dans le temps, et
j’étais de nouveau enfant.
C’est ma petite
madeleine !!!!
Julia
ÉCOUTANT LES FORCES DE LA
NATURE
Jour 1. Prévision de la météo: Ensoleillé, froid et ambiance brumeuse.
« 1er Janvier, un
nouvel an qui commence, une nouvelle possibilité de changer à mieux sa
vie » c’est ce qu’elle se répétait dans le train vers sa ville d’adoption.
À mi-chemin le portable sonna, son dernier chéri lui avait envoyé un
texto : « nous devons parler », « ah ben, ça commence bien,
l’année », elle s’était dit. Bizarre, elle regarda son portable parce
qu’elle ne ressentait rien : pas d’amour, pas de chagrin. Elle se trouvait
anesthésiée d’une douleur exquise à
cause d’un copain de travail depuis mars dernier, et même si elle avait essayé
de la soulager avec quelqu’un d’autre, ça n’avait pas été finalement une bonne
idée. « Rendez-vous à demain » elle répondit.
Jour 2. Prévision de la météo: Ciel couvert. De la pluie, parfois
forte.
Le lendemain, après une nuit
blanche, elle se dirigea au rendez-vous sous la pluie avec un refrain dans la
tête, « lui, il va me quitter, il va me quitter ». Mais son
angoisse provenait d’un nouvel échec, pas de perdre à nouveau son petit ami.
Assise devant lui, elle écouta impassible les motifs banals de la
rupture, « je ne sens pas que tu m’aimes et blabla », et en
même temps elle entendait la pluie tomber au fond, comme s’il s’agissait d’un
mantra spirituel. À la fin de la conversation, elle eut besoin de rester sous la
pluie en diluant ce qu’elle venait d’expérimenter. Et là, vraiment trempée,
elle éclata en sanglots. Ses sentiments sont sortis à travers ses yeux en forme
de gouttes superlatives qui se mélangeaient avec celles de la pluie : une
amertume aqueuse qui finirait par mourir dans un égout proche.
Jour 3. Prévision de la météo: Ciel très nuageux à couvert. Pas de
précipitations. Vent fort.
Ses yeux se levèrent gonflés.
Encore en vacances de Noël, elle resta une heure de plus sur le lit à regarder
le plafond. Et après ce vide, sans aucune raison, elle prit le portable pour
envoyer un texto au copain pour qui elle avait craqué. « Un
café ? ». « Bien sûr ». Au fur et à mesure qu’elle
s’approchait du café, le vent soufflait de plus en plus fort. Son écharpe commença
à flotter balancée par l’air et à vouloir voler, à s’échapper d’elle. Agile,
elle attrapa la laine coquine et la serra fort dans sa main, mais la force du
vent était telle à ce moment-là qu’elle fut poussée en arrière comme si le
destin voulait lui dire quelque chose. Malgré le vent, elle atteignit le café,
mais pour vérifier que le sujet de son affliction avait invité plus de copains
au rendez-vous.
Raquel
Pour commencer une nouvelle balade au pays des mots avec de nouvelles plumes, laissons en premier lieu la parole à Marguerite Duras :
"Écrire. Je ne peux pas.
Personne ne peut.
Il faut le dire, on ne peut pas.
Et on écrit.
C’est l’inconnu qu’on porte en soi écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien.
On peut parler d’une maladie de l’écrit.
Ce n’est pas simple ce que j’essaie de dire là, mais je crois qu’on peut s’y retrouver,
camarades de tous les pays.
Il y a une folie d’écrire qui est en soi-même, une folie d’écrire furieuse mais ce n’est pas
pour cela qu’on est dans la folie. Au contraire.
L’écriture c’est l’inconnu. Avant d’écrire, on ne sait rien de ce qu’on va écrire. Et en
toute lucidité.
C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire,
c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même,
d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible,douée de pensée, de colère, et
qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie.
Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on
n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.
Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait — on ne le sait qu’après —
avant, c’est la question la plus dangereuse que l’on puisse se poser. Mais c’est la plus
courante aussi.
L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme
rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."
M.D.
Neauphle-le-Château, 1993.