LUI
Il y a longtemps que je l’ai découvert. Au début il n’y avait rien ou, plus
précisément, je n’étais pas consciente de sa présence. Il pouvait être dans les
autres, mais je ne pouvais pas le savoir, car je ne l’avais jamais rencontré et
personne n’avait fait l’effort de m’expliquer. Donc, j’ai vécu sans le
connaître quelques instants, jours, années, qui sait ! De toute façon,
c’étaient des instants, des jours, des années, joyeux puisque même si je n’étais
pas au courant, je bénéficiais de l’effet qu’il avait sur ceux qui étaient autour
de moi.
Son existence n’avait pas eu pour moi de début perceptible. Cependant, en
même temps, il semblait qu’il avait existé depuis toujours. C’était pour moi
quelque chose de familier, bien qu’inconnu (plus tard j’ai découvert qu’il en
va de même pour certains membres de la famille). Il était inconnu mais au sens
de mystérieux, étonnant, car il agissait de façon différente chaque fois que je
le rencontrais. Au début, lorsque je ne pouvais pas mettre en relation son
signifié et son signifiant mais j’étais suffisamment rationnelle pour lui
donner une valeur positive, je le ressentais partout. L’univers semblait
débordé, ce que mes yeux pouvaient apercevoir ; il était si débordé que,
pour sauver l’humanité de cette inondation, j’ai décidé de le refuser.
Mais je ne suis bonne ni comme martyr ni comme héros. Comme le reste de l’humanité,
j’avais besoin de lui, et vraiment, sans lui, c’était moi qui me noyais dans le
vide. Il avait en plus quelque chose de séduisant qui m’empêchait de le
quitter. Jusqu’aujourd’hui. Bien que sa présence soit douloureuse,
réconfortante ou lourde, on ne peut pas le quitter. Même si parfois il nous
aveugle et nous conduit à un comportement odieux, nous ne voulons pas le
quitter. Lui, l’amour ! Aussi familier et inconnu qu’indispensable. L’amour
des arts et des personnes et des actes. Un amour qui n’est pas unique mais qui
est plus rationnel que ce que l’on croit. Mais ça, c’est une autre histoire.
Garazi
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