Quand on entrait chez un marchand
de tissu, les petit commerçants, des hommes seulement, saluaient et s’intéressaient
à la famille. Tous habillés avec des vestes de travail bleues, ils
connaissaient les clients et ils savaient qu’il fallait les traiter avec
courtoisie et une certaine proximité. La connaissance de leur métier leur
donnait un air de professionnalité que tous les clients valorisaient beaucoup.
Toujours armés d’une craie, ils
maniaient les grandes pièces de tissu comme s’il s’agissait de poids légers.
Ils les décrochaient des étagères et ils les posaient sur le comptoir tandis
qu’ils parlaient des caractéristiques du genre, des couleurs ou de sa
résistance, au même moment où, d’un coup de main, ils dépliaient le tissu et, avec
un petit geste, ils demandaient au client, presque toujours des femmes, de
découvrir sa qualité en le touchant.
Une odeur agréable, absente de désodorisants,
peut-être due aux comptoirs et au sol en bois, conférait au magasin une
sensation de bien-être qui invitait à y rester.
L’apparition du responsable du
magasin ne supposait qu’une nouvelle opportunité de s’intéresser aux plus
proches et aussi, parfois, de marchander un prix plus bas.
Une fois décidé le tissu à
acheter, le vendeur mesurait la quantité demandée en s’aidant d’un mètre à
ruban ou plutôt un mètre en bois, faisait une marque avec la craie, prenait les
ciseaux et le coupait aisément.
Le moment de payer. Pas au comptoir
mais à la caisse où une dame, toujours la même dame, qu’on avait saluée en
entrant, conversait de nouveau avec nous, nous souhaitait une bonne journée et
nous demandait de transmettre ses amitiés à toute la famille. On devait la payer,
c’est vrai; elle devait nous donner la monnaie, pas de question; mais tout cela
se produisait dans une ambiance de cordialité dans laquelle le petit enfant
(moi) qui accompagnait sa maman profitait du bonbon que la caissière lui glissait
avec un sourire complice.
Les vieux magasins, des endroits
où on socialisait tandis qu’on faisait les courses.
Juanan Amoriza
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