J’ai appris dans Le Monde que le Ministère Français
de la Santé compare l’addiction aux jeux-vidéo à celle de l’alcool ou des
drogues. Cela ne m’impressionne pas plus que ça puisque je suis déjà alcoolo.
Vendredi soir, je suis chez moi après les cours, tellement
fatigué. Et précisément je dois faire la rédaction sur les jeux-video. Alors,
un peu pour me détendre, un peu simplement parce que j’ai la bonne excuse, je
prends une bière fraîche, j’allume l’ordinateur et je mets en route mon jeu
préféré : COMMANDER ( une recréation de la Seconde Guerre Mondiale ). Je
me dis que c’est pour me plonger dans le sujet et trouver de l’inspiration.
D’emblée, je choisis le rôle de l’Axe, parce que
jouer avec les alliés est beaucoup plus facile et ennuyant : il suffit de
se défendre. Conquérir tout le monde, c’est autre chose.
Depuis le début, je tiens le blitz krieg. D’un seul
trait, j’écrase la Pologne, le Danemark, même la Norvège et la Yougoslavie.
Ensuite, j’attaque en traître la Suisse. Ils ont beau protester, je m’en fiche
des Suisses ; voilà, je ne connais aucun Suisse, pour moi ce n’est qu’un
pays virtuel. Du coup, les Camemberts sont pris au piège ( excusez mon langage,
je parle sous le feu de l’action ). Ils étaient planqués au Nord, en attendant
l’attaque habituelle à travers la Belgique, tandis que je braquais Paris depuis
l’Est. Il n’y a pas de résistance, ils tombent dans les pommes.
Pourtant, pas de répit ; malgré le traité
d’Alliance, je me mets à dos la France libre aussi. Cette fois-ci, Le Général
Franco lui-même proteste. Tant pis pour lui, il savait que je n’étais pas une
oie blanche !
Après la deuxième bière, je suis éméché et je
commence à commettre quelques petites erreurs. En l’occurrence, je perds
quelques unités, un peu bêtement, en traversant la Méditerranée. Rien de grave.
La bière coule et les années virtuelles défilent.
Maintenant j’essaie de conquérir la Russie pendant que je me défends de
l’offensive américaine à l’Ouest ; c’est la guerre sur les deux fronts que
j’avais autant craints. Malheureusement, j’ai foiré le coup sur Stalingrad et
mes soldats rampent sur la neige. D’ailleurs je suis rincé.
Purée ! Qu’est-ce que je fais à perdre mon
temps au lieu de faire la rédaction de français ?
C’est la première de l’année et il faut bien faire.
D’autant plus que Marie-Hélène croit que je suis un bon élève, appliqué et
responsable ; elle est si naïve, si enthousiaste. Une approche
professionnelle, voire classique s’avère
nécessaire. C’est-à-dire : une présentation claire et précise du sujet,
une argumentation bien échafaudée ( la contre-argumentation qui échoue au
dernier moment ), des conclusions solides, très didactiques. Pourtant, je ferai
la rédaction à l’arrache, sous l’emprise de l’alcool, en divaguant follement
sur le sujet, comme d’habitude.
Je faisais comme cela, Mari-Luz me passait un savon
en disant : « la prochaine fois je ne vais pas te corriger ».
J’espère que Marie-Hélène va se montrer un peu moins sévère, pourvu qu’elle ne
se rende pas compte que j’ai supprimé les fautes d’orthographe avec le
correcteur on-line.
J’ai quand même réussi à finir une rédaction sans
parler de mes chats.
Luis
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